Contexte local

Depuis de nombreux mois, des habitant·e·s de la province de Luxembourg ont constaté le passage de personnes d’origine étrangère non loin de chez eux·elles.

Des campements précaires situés dans les bois aux alentours ont été découverts. Ces campements faits de bric et de broc démontrent des conditions de vie indignes qui ne garantissent pas la sécurité, l’hygiène et la salubrité des personnes y cherchant un coin de repos : des hommes, des femmes et parfois des enfants.

Après avoir pris le temps d’aller à la rencontre de ces personnes, ces habitant·e·s ont vite compris qu’il s’agissait de migrant·e·s, installé·e·s provisoirement dans l’espoir d’atteindre prochainement l’Angleterre.

Depuis, ces habitant·e·s se sont transformé·e·s en citoyen·ne·s solidaires. Il·elle·s se sont organisé·e·s collectivement, et aujourd’hui se concertent et apportent de l’aide aux migrant·e·s : provisions, tentes, couvertures, produits d’hygiènes. Des habitant·e·s permettent par ailleurs aux migrant·e·s de venir dans leur habitation prendre une douche et un peu de repos, le temps de recharger leur GSM. Il·elle·s s’assurent également qu’aucun déchet ne soit laissé sur place.

En province de Luxembourg, nombreuses sont les personnes à être touchées par la tragédie qui se déroule ici et maintenant et à vouloir agir pour le bien de ceux·elles qui vivent dans des conditions indignes.

C’est théoriquement le cas aussi pour les communes qui se sont déclarées « Commune hospitalière » en 2018, tout comme la Province.

Ce faisant, elles ont  pris la résolution ferme de respecter les droits fondamentaux des migrant·e·s sur leur territoire et de s’engager dans la mise en œuvre d’action concrètes allant dans ce sens.

Les besoins des personnes migrantes de passage sur le territoire communal sont d’autant plus cruciaux en cette période hivernale, tant en terme de contacts sociaux, d’abri, d’hygiène, de vêtements, de nourriture et d’accès aux soins.

Nous apprenons par voie de presse le démantèlement de ces camps en province de Luxembourg. Nous déplorons cette action qui ne résout absolument rien et qui entraîne encore et toujours ces personnes migrantes dans une vie souterraine, sans droits.

Contexte national et international

Si les compétences en matière d’entrée, de séjour et d’éloignement des personnes étrangères sont fédérales, que l’intégration est une compétence régionale, les collectivités locales sont néanmoins un acteur-clé de l’accueil, de l’hospitalité et du respect du droit des migrant·e·s. Elles peuvent créer un cadre qui permette de sensibiliser leur population et d’améliorer l’accueil et le séjour des migrant·e·s qui résident sur leur territoire.

Les migrant·e·s – quel que soit leur statut de séjour (demandeur ·euse·s d’asile, réfugi·e·s ou sans-papiers) – doivent être considéré·e·s comme des citoyen·ne·s comme les autres.

Nous pensons qu’une aide coordonnée localement aux migrant·e·s ne favorisera pas ce phénomène souvent dénommé « d’appel d’air ». Ce phénomène n’a d’ailleurs jamais été prouvé et est pour nous le reflet d’une parole populiste et xénophobe, attisant un autre phénomène reconnu de repli sur soi. Les personnes migrantes séjournant sur notre territoire y sont par nécessité dans leur parcours migratoire. Elles sont là, temporairement.

Aujourd’hui, les citoyen·ne·s solidaires se rendent compte que leur action de solidarité, pourtant indispensable en termes d’aide à des personnes vulnérables, ne peut se poursuivre sans l’aide des pouvoirs locaux, aussi pour leur propre sécurité.

Ils ne prétendent pas résoudre ce problème des migrations qui a une portée internationale, mais ils ne peuvent pas rester immobiles face à cette détresse humaine.

La COLUXAM, Coordination Luxembourgeoise Asile et Migration qui regroupe une vingtaine d’associations et des citoyen·e·s les soutient et les remercie.

Libramont, 15-11-2019