Peu importent les appels du corps médical à poursuivre le confinement, le patronat monte aux créneaux pour un rapide retour à la relance économique, suivant en cela l’expert Trump.
Les chiffres des pertes des entreprises s’alignent à qui mieux-mieux, les alertes aux faillites et au spectre de la grande crise des années 1930 s’enfilent. Dans le même temps, des patrons annoncent – selon leur évangile- que la relance aura un prix, et avancent nombre de mesures antisociales tel l’allongement du temps de travail ou la mise à disposition des travailleurs.
Ils passent sous silence et oublient de déduire des dites pertes l’ensemble des économies d’échelle que leur procurent les nombreuses aides de l’Etat, non consommées et celles qui résultent d’un arrêt momentané de l’outil de production en terme de coûts variables, notamment ceux du personnel payé par la solidarité. En outre, cela n’a nullement empêché nombre d’entre eux de distribuer des dividendes parfois indécents à leurs actionnaires.
Pire, cela n’a pas l’air de les inquiéter lorsque leurs messages ont pour effet d’amener une partie de la population à croire au retour à la normale et à sortir des règles de confinement ou d’accroître l’angoisse d’une autre partie craignant de ne plus retrouver d’emploi.
Alors qu’ils jouent avec le feu, il serait temps de sonner le tocsin et de les inviter sérieusement d’une part à un peu plus de civisme et d’autre part à se rendre compte que le jour d’après ce ne peut plus être le retour aux croissances et profits d’antan, mais doit être, dès aujourd’hui, celui de la mobilisation collective pour éviter de conduire le monde au bord du gouffre sanitaire et environnemental.
Probablement ne sont-ils pas tous inconscients ni suicidaires. Appelons donc ceux qui, comme nous, réfléchissent et s’engagent à construire un autre monde accueillant et viable pour toute la communauté humaine. Celui qui sauvera et fera progresser notre humanité tout entière en projetant une autre mondialisation cette fois réellement ancrée sur nos valeurs, celle de la DUDH. Ensemble, il s’agira, plutôt que de faire pression sur les décideurs politiques pour relancer la machine économique, de se mobiliser, d’encourager la recherche et le débat pour une sortie innovante et graduelle de la crise corona en inaugurant un modèle d’économie sociale et environnementale équitable mettant fin aux criantes inégalités sociales.
Ce défi là n’est pas seulement économique, il est aussi celui du respect des gens et de leur bien être, celui du plein emploi avec une juste rémunération, celui de la santé et d’une éducation de qualité accessible à tout un chacun, celui du droit à la culture et au sport… C’est là que doivent aller les soutiens et subventions des instances internationales, des Etats et Régions.
Battons-nous, faisons entendre nos voix et construisons l’alternative politique.
Pierre Galand – 15 avril 2020
