Le Centre d’Action Laïque exprime sa plus vive indignation face au retrait de la Convention d’Istanbul par la Turquie et le projet en ce sens déposé en Pologne.

Par décret signé par son président, Recep Tayyip Erdogan, la Turquie vient de se retirer de cette Convention du Conseil de l’Europe, consacrée à la prévention et à la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique. Son exemple risque d’être suivi par la Pologne, où la chambre basse du Parlement examine une proposition de loi visant à demander au président de retirer le pays de la Convention.

La Convention d’Istanbul, signée dans le cadre du Conseil de l’Europe, part notamment du constat que « les femmes et les filles sont souvent exposées à des formes graves de violence telles que la violence domestique, le harcèlement sexuel, le viol, le mariage forcé, les crimes commis au nom du prétendu ‘honneur’ et les mutilations génitales, lesquelles constituent une violation grave des droits humains des femmes et des filles et un obstacle majeur à la réalisation de l’égalité entre les femmes et les hommes ». Elle prévoit des mesures détaillées que les États parties doivent prendre pour prévenir et sanctionner les violences faites aux femmes.

Et ces violences sont un « mal endémique » en Turquie, où au moins trois cents femmes ont été assassinées par leur conjoint ou ex-conjoint en 2020, selon l’association « Halte aux féminicides ». La décision de retrait de la Convention est donc un coup terrible porté à la lutte contre ce fléau.

C’est une nouvelle preuve que les conservatismes religieux, dans leurs formes militantes, menacent les droits fondamentaux, et les droits des femmes en particulier. On retrouve les mêmes « arguments » fallacieux avancés tant par les islamistes que par les fondamentalistes catholiques: la Convention nuirait aux « valeurs familiales », elle introduirait « l’idéologie du genre », etc…

R.T. Erdogan avait déjà affirmé en 2019 que la Convention n’avait à ses yeux aucune valeur « car elle ne fait pas partie du Coran ». En Pologne, c’est l’organisation ultra-catholique « Ordo juris » qui a rédigé la proposition de loi, soutenue par la droite religieuse et nationaliste, examinée au Parlement seulement quelques mois après l’interdiction quasi-totale de l’IVG par le tribunal constitutionnel contrôlé par le pouvoir.

Le Centre d’Action Laïque a écrit à Sophie Wilmès, ministre des Affaires étrangères, pour lui demander d’exprimer son désaccord à ces graves régressions en matière d’égalité des sexes et des droits des femmes.

Le Centre d’Action Laïque exprime son soutien aux manifestantes et aux manifestants, en Turquie et en Pologne, et appelle ces deux pays à garantir l’application concrète et effective de la Convention d’Istanbul.

Source : Centre d’Action Laïque